Mon expérience débute par l’arrivée sur le port pour prendre le bateau en direction de Lombok. Déjà à ce stade, je réalise que le cocon douillet dans lequel le guide touristique de Bali nous avait moi et les autres habitués s’est évaporé. En effet, fini la prise en charge sans avoir besoin de réfléchir, fini de pouvoir compter sur les autres pour t’aider à faire le change dans ta tête de roupies en euros (merci Alexis), fini de se faire trimballer partout sans avoir à penser si tu te fais arnaquer ou non par le chauffeur, maintenant le vrai challenge débute ! J’achète mon billet de bateau, déjà il semblerait que je ne sois pas inscrite sur le registre alors que j’avais réservé le billet sur le net… mais finalement tout s’arrange. Les gens sont aimables et m’indiquent où se trouve le port par rapport au guichet, je trouve sans encombre, arrivée au port, je veux monter sur le pont quand tout à coup, un mec me dit « roupie, roupie you have to pay » je lui rétorque que j’ai déjà mon billet, que j’ai déjà payé, mais enfaite il s’agissait de la taxe en sus à payer à un autre endroit, déjà la logique et l’aspect chronophage m’agace un peu mais bon, une fois délestée de 5 centimes de plus, je peux enfin me diriger vers le pont, quand soudain un indien d’à peu près mon âge, pas trop mal, m’aborde, on fait la causette, on apprend à se connaitre, il voyage seul comme moi, il est trader (pas de bol métier que je n’estime pas), il cherche une européenne pour se marier si possible blonde aux yeux bleus (super), il se rend sur les îles Gili, adjacentes à Lombok (ouf on va pas au même endroit). On passe la traversée ensemble, puis on se dit aurevoir, une rencontre toute simple mais qui présage déjà un super voyage ! Et là, sur le bateau tout le monde descend sur les îles Gili sauf… moi et un couple, en gros on est trois a foutre les pieds à Lombok, une fois sur place je remarque très vite que l’île est composée de 99% de muslmuans contre 1% d’hindouistes, au contraire de Bali. La mosquée est proche de l’hôtel et j’entends 5X par jour (dès 5h du mat!) les chants de prières typtiquement musulmans : le premier jour je me dis "naaaan", le second je soupire, le troisième je soupire, je quatrième je n’entends plus... cela fait partie du « décor ».

Mon séjour seule débute vraiment, je réalise que je n’ai plus de « roommate » avec qui faire la causette, je réalise que je vais devoir deux fois par jour aller au resto toute seule et affronter le regard des autres, je réalise qu’il n’y a pas de Cash machine (ATM) dans le coin et que pour tirer des sous il faut se rendre en taxi dans le bled le plus proche ! Je réalise que je dois parler anglais tout le temps à présent et que je m’en sors pas trop mal, je réalise que je dois aussi bosser car j’ai ces soutenances de mémoire à gérer quand même et que c’est pas du tout facile de bosser avec un cadre idyllique comme le mien, je réalise que les gens ne se plaignent pas même s’ils ont toutes les raisons pour, je réalise que je suis extrêmement chanceuse, je réalise que j’aime être seule et que j’aime aussi discuter avec les locaux, je réalise qu'être seule c’est être vraiment seule avec soi, avec ses pensées, ses désirs, ses aspirations, ses peurs, ses émotions, je réalise que c’est dur quand même d’être à chaque moment dans l’instant présent et que je pense à la suite de mon voyage alors même que je pourrais profiter à fond de ce que je vis, je réalise que j’adore faire du snorkeling, explorer les fonds marins ! Je réalise que ma fille me manque vraiment à ce stade du voyage et qu’une pointe de culpabilité émerge. Je réalise le choc des cultures qui m’a fait craquée à un moment : j’ai comparé mon rythme de vie à celui de la population locale et malgré leurs difficultés à joindre les deux bouts, surtout vue le peu de touristes dans le coin en ce moment, ils gardent le smile, ils comptent sur leur foi, ils sont toujours aimables, serviables, et quand on leur demande ce qui les rend heureux, certains répondent leur croyance, d’autres répondent les petits rien du quotidien, comme faire à manger pour la famille car on se sent utile, le fait de réussir une transaction avec un client, le fait de voir ses amis, de fumer une cigarette ou de boire un verre, le fait de se réveiller le matin en vie tout simplement… (voir article "Paroles de locaux"). Et nous, notre société fait la gueule, se plaint, n’en n’a jamais assez. Ce choc là, je m’y attendais un peu en réalité mais pas au point de craquer un jour seule dans ma chambre d’hôtel. Quelle sensibilité Lee! Diront les uns, quelle prise de conscience diront les autres ! J’aime cette phase du voyage certes, mais j’avoue qu’elle est difficile pour moi, je me réjouis aussi d’être en communication avec mon maitre reiki dans le cadre de la phase 3!